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PARENTHÈSES

d’être malheureux, quel mal y aurait-il pour nous ? Car ils sèment le bonheur, ou tout au moins des bonheurs, de petits bonheurs. « A thing of beauty, disait Keats, is a joy for ever ! »

Leur chant dans notre âme, c’est la goutte de rosée sur l’églantine, la goutte de lumière sur le fruit qui mûrit, ou la goutte de pluie tiède sur la terre desséchée d’août. N’est-ce donc rien, que de faire sourire les rides d’un vieillard, de rendre songeuse, un instant, la jeunesse étourdie, — de faire chanter dans une âme de bonnes et calmes pensées comme la brise fait chanter les blés mûrs ?

Et n’est-ce donc rien surtout, que de rapprocher les hommes des sources pures où se mire le Visage de Dieu ?