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GUIDO GEZELLE
« Il vit partout quelque chose, au-dessus comme au-dessous de l’eau : les fleurs semées par le vent éclosent jusqu’au faîte des toits, les tuiles elles-mêmes sont animées, et l’humble fleurette se plaît à nicher dans l’humble chaume…
« Est-il un seul pouce de notre sol, de la Lys à l’Escaut, au bord de la mer, sur le sable, sur les maisons, sur les échalas, où ne vive quelque chose, où ne croissent quelques fleurs ou quelques feuilles charmantes ? « Partout il pousse quelque chose… Partout[1] ! »

Gezelle a une manière très personnelle de décrire. Il nous mène voir, il nous montre, comme du doigt, les détails ; il crie sa joie, il nous défie de trouver chose plus jolie que ce qu’il regarde, il s’adresse à l’objet qu’il décrit, il le loue et le félicite. Cela est naïf, familier, très vivant surtout. Trouvez-moi une description plus mouvementée, plus vivante et plus originale que celle de la « Bourrasque » :

« Le voilà de nouveau ! Fermez les portes, les volets, en haut, en bas ; clôturez le grenier, la cave ; tout bien calfeutré, qu’il ne puisse pénétrer, et qu’il reste décidément dehors, l’ennemi, qui clabaude et cogne et fait le méchant !
  1. Traduction de Cammaerts et Van den Borren.