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LE BEAU RÉVEIL

de toutes les perles du beau parler flamand déterrées dans les couches du pur et vrai langage populaire, elle est devenue le moyen d’expression idéal qu’aucun poète, avant lui, n’a possédé… Elle est toute en nuances, en délicatesses inouies… Je ne connais pas de poète qui ait eu, comme lui, le souci de la valeur juste, de la couleur exacte de son verbe poétique » [1]. Comme notation exacte et précise des couleurs et des lignes, signalons le curieux morceau intitulé « Casselkoeien » (Vaches de Cassel) qui est d’un art consommé. Et je citerai, sans commentaire, cette autre piécette :

« Il pousse partout quelque chose… Sur les garde-fous des vieux ponts, l’humble mousse étend ses petites verrues, et couvre les pierres bleues du disque de ses sous jaunes, gris, ou verts…
« Regardez-la si vous avez des yeux pour voir : arrêtez-vous ; regardez-la, trempée de pluie et de soleil ; dites-moi si le plus beau tapis, si la plus fine broderie sont mieux travaillés qu’elle !
« Que maintenant parmi elle, autour d’elle, auprès d’elle, des fourmis et des cousins fassent trotter leurs pattes ; que des ailes claires comme verre y mettent leur arc-en-ciel… Ah ! dites-moi s’il est rien de plus beau, de plus charmant !
  1. A. Cuppens : art. cit.