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LE BEAU RÉVEIL
voir ta lumière infinie dans la Patrie !
« Alors je pourrai fleurir devant… oh non, pas devant tes yeux, mais tout près de toi, à tes côtés, en toi, puisque tu veux bien me permettre d’exister, à moi, ton infime créature, et puisque tu me laisses pénétrer en ta lumière éternelle[1]. »

« Si, descendant, subitement animé, d’un vitrail ancien ou de la niche feutrée de mousse dorée d’un porche gothique, un saint moine venait se mêler à notre vie, aurait-il un chant plus spontané, jailli d’un cœur vivant sa foi plus complètement que le cœur de ce poète des Flandres ? Il est peu de strophes de Gezelle qui détonneraient au bas d’un tableau de Primitif, d’un Metsijs ou d’un Van der Weijden, ces vivants magnifiques et qui ne vieilliront jamais ; — tels ces vers pris dans son Rijmsnoer ; où séparée de son fils par la mort, une mère s’écrie : « Levez-vous, ô Seigneur, saisissez mes mains ! Séchez mes pleurs dont la source s’épuise. Je vous suivrai, je vous suivrai vers la Croix, et mère dolente, je me tiendrai aux côtés de Votre Mère dolente[2] ! »

Ce mysticisme est répandu dans toute l’œuvre de Gezelle, mais il éclate magnifiquement dans Tijdkrans et Rijmsnoer, qui « forment un cycle de poésies exaltant les beautés de la nature aux quatre saisons de l’année. Ces saisons paraissent devoir s’allier, dans

  1. Traduction de J. Reylandt.
  2. Charles Grolleau. Op. cit.