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LE RENOUVEAU CATHOLIQUE

Charles Morice et Francis Caillard ; en 1913, Ernest Psichari, Henry Massis, Madame Juliette Adam ; en 1916, Henry Ghéon. Et la liste est bien incomplète.

Les uns, après un éloignement plus ou moins long, revenaient à la foi de leur enfance, non par le sentiment seul toutefois, comme jadis Chateaubriand, mais par la pleine adhésion de leur raison ; d’autres, qui n’avaient pas reçu une éducation chrétienne, arrivaient des lointains de l’ignorance religieuse et de l’erreur.

À part ce pauvre Péguy (qui, tout en aimant filialement l’Église dont il acceptait le dogme et vénérait la morale, n’avait point fait le pas décisif lorqu’une balle allemande le tua au poste d’honneur, en 1914, la veille de la victoire de la Marne), tous ces convertis se donnèrent à Dieu généreusement, changeant de vie, sacrifiant leurs aises, leurs succès de cénacle, et des amitiés utiles, embrassant les lois chrétiennes, même les plus contraires à la nature corrompue, telles que l’humilité et la pénitence. Il n’est donc pas possible de douter de la sincérité de leur conversion. On en vit même tendre plus haut : Le Cardonnel se fit prêtre ; Caillard se fit moine ; et cet étonnant Germain Nouveau, épris de pauvreté évangélique comme Benoît-Joseph Labre, quitta tout, se dépouilla de tout, détruisit ses vers anciens et se fit mendiant à la porte d’une église, partageant son pain avec ses compagnons de misère et composant en cachette d’admirables vers chrétiens qu’il signe Humilis et que des amis sont parvenus à éditer à son insu.

Le même mouvement chrétien se manifeste dans les autres domaines de l’art. Voici que le dessinateur Forain se convertit, le peintre Jan Verkade entre chez les Bénédictins de Beuron, Paul Buffet se fait