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GUIDO GEZELLE
matin mon calice et je le ferme le soir ; et lorsque tu resurgiras, ô soleil, tu m’aideras tour à tour à me réveiller ou à incliner ma tête pour le sommeil.
« Ta lumière est ma vie ! Ô mon principe d’action, ma seule privation, mon espérance, mon bonheur, mon unique et mon tout, que puis-je sans toi, si ce n’est éternellement, éternellement mourir ? que puis-je avoir et aimer en dehors de toi ?
« Je suis loin de toi ; et pourtant, source suave de tout ce qui vit ou produit la vie, tu t’approches tout près de moi et tu m’envoies, — ô soleil aimé — jusque dans mes plus intimes profondeurs, tes rayons irrésistibles.
« Enlève-moi, ravis-moi !… délie mes liens terrestres ; déracine-moi, déterre-moi !… Laisse-moi partir ! Laisse-moi me hâter vers ces lieux où règne toujours l’été et le plein soleil, où je te trouverai, ô toi mon éternelle, mon unique, ma toute belle fleur !
« Que tout disparaisse, finisse, s’écoule, tout ce qui creuse entre nous des séparations et de profonds abîmes ; que les matins, les soirs s’évanouissent : que tout ce qui doit passer, passe enfin ! Laisse-moi