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LE BEAU RÉVEIL

 « Tu prias sur une montagne, seul,
Et moi, Jésus, je n’en trouve point
Où je puisse monter assez haut
Pour Te trouver Toi seul !
Le monde me poursuit
Où que j’aille,
Où que je m’arrête,
Où que je regarde ;
Et il n’en est pas de plus pauvre que moi,
Pas un seul :
Que moi, qui suis dans le besoin et ne sais me plaindre,
Qui ai faim et ne sais demander,
Qui souffre, et ne sais exprimer
Combien cela fait mal !

Oh, apprends-moi, à moi pauvre homme, comment je dois prier ! »

Gezelle faisait des œuvres de Ruysbroeck sa lecture favorite. Et c’est bien à Ruysbroeck que l’on songe en lisant la pièce : « Ego flos » que tous les critiques s’accordent à placer au premier rang des poèmes catholiques :

« Je suis une fleur et je m’épanouis sous ton regard, ardente lumière du soleil[1], éternellement inviolée, qui daignes me permettre d’exister, à moi, infime créature, et qui me réserves — après cette vie — la Vie éternelle !
« Je suis une fleur : j’ouvre le
  1. Le poète s’adresse à Dieu, Lumière pour laquelle son âme est faite.