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GUIDO GEZELLE
feuilles et des arbres, de l’écorce et des racines, des engrais d’automne, des vapeurs d’automne qui jaillissent de la terre.
« C’est la vie qui abandonne le bois et qui, d’un vol lent, s’en va au ciel, s’élevant comme l’encens dans l’église…
… « Que vous sentez bon, arbres grands et petits ; et de même les feuilles, à vos pieds, répandent leur doux baume sur le lit de mort de l’année.
« Je me complais au milieu de vous ! Puissé-je ne respirer jamais d’autre senteur que celle qui monte, comme une atmosphère de vie, de vos feuilles mortes.
« Ô bois d’octobre, que Dieu soit loué par tous ceux qui s’approchent de vous et qui, dans la chute des feuilles, cherchent et trouvent une consolation pour leur âme[1] ! »

Vous le voyez : rien qui ressemble aux élégies mièvres des décadents ; rien non plus qui ressemble à une noyade dans le « grand Tout ». Sa gerbe cueillie, Gezelle l’offre à Dieu, comme des prémices. Loin de le détourner du Ciel, les créatures l’en rapprochent. Elles lui parlent comme des symboles. Il demande aux fleurs leur innocence, aux oiseaux leur âme musicale

  1. Traduction de J. Reylandt.