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LE BEAU RÉVEIL
consoler ? Ce n’est pas encore l’été il est vrai ; mais l’été arrive : voici que le Soleil de Pâques est à l’Orient[1] ! »

Gezelle n’eût pas été un vrai Flamand, un fils de cette race de peintres, s’il n’eût pas été amoureux de la lumière et des couleurs. Il se grise à cette fête constamment variée qu’est le spectacle des saisons. Tous ses poèmes presque ont l’odeur et le goût de la saison qui les vit éclore. Il aspire avec une espèce de volupté les senteurs de la terre, et sans doute, sans le sentiment religieux très intense qui gardait pure et réglait son âme passionnée, cet amour violent de la nature l’eût plongé dans l’ivresse panthéiste. Jugez-en par ce poème d’Octobre :

« Ô bois d’octobre, que vous sentez bon, quand le temps est frais et humide et que le soleil couve, blotti dans la toison que fait l’atmosphère
« Les feuilles mortes couvrent déjà le sol marécageux ; les sentiers disparaissant sous les feuilles tombées, peuvent à peine être devinés.
« Partout s’élève une vapeur qui me ravit les sens, pleine de senteurs merveilleuses qui ne viennent pas des fleurs claires et joyeuses, car le vent les a déjà fanées.
« Non, ce sont les senteurs des
  1. Traduction de J. Reylandt.