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LE BEAU RÉVEIL

des Paul Bourget, des Maurice Barrès, des Henry Bordeaux, qui proclament la vertu féconde des traditions, de la religion, de la famille. « Tous les principes d’ordre moral, si raillés il y a trente ans, reprennent un prestige singulier. Le Catholicisme n’apparaît plus comme le « parfum d’un vase vide », mais comme une puissance unique d’équilibre social et individuel, que nulle autre n’est capable de contrebalancer[1]. »

« C’est le spectacle de l’anarchie sociale et des misères engendrées par cette anarchie, écrivait Jean Lerolle dans la « Vie Nouvelle », qui nous fait chercher dans l’enseignement catholique les principes d’ordre, sans lesquels aucune société ne peut vivre. C’est le spectacle de l’anarchie intellectuelle, le dégoût des fausses philosophies, des formules vides, qui conduit d’un même pas vers l’Église les artistes en quête d’une discipline de l’intelligence et de la sensibilité. »

Effectivement, depuis vingt-cinq ans, les conversions se succèdent et se multiplient dans le monde des lettres. Ce furent d’abord Paul Claudel et Louis Le Cardonnel ; ensuite, Ferdinand Brunetière, Paul Bourget, François Coppée, Adolphe Retté, Joris-Karl Huysmans. En 1905, le délicieux poète naturiste Francis Jammes retrouve la foi, et avant de mourir l’ardent Charles Guérin embrasse repentant les pieds du Christ. En 1906, c’est le vigoureux romancier Louis Bertrand qui nous revient ; en 1908, Charles Péguy et Emmanuel Delbousquet ; en 1909, Charles Grolleau ; en 1910, Joseph Lotte, Jean Thorel, Olivier Hourcade, Charles de Bordeu ; en 1911, Albert Fleury ; en 1912,

  1. R. Vallery-Radot.