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GUIDO GEZELLE

Gezelle est le chantre de la vie. Il s’extasie devant cette merveille qu’est un être vivant, se mouvant, agissant. Les insectes, les oiseaux, les animaux de la ferme lui inspirent de jolies pages. Les oiseaux surtout. Son vers très musical et très souple imite avec beaucoup d’art leurs chants[1] ou leurs sautillements[2]. Le rossignol et l’alouette sont ses préférés. Écoutez comme il s’impatiente du retard du rossignol :

« Je ne t’entends pas encore, ô rossignol, et le soleil de Pâques est pourtant à l’Orient. Où restes-tu si longtemps ? Oublies-tu peut-être de venir nous consoler ?
« Ce n’est pas encore l’été, c’est vrai, et nulle feuille ne paraît sur les haies : il y a de la glace dans le vent, de la neige dans l’air, il tempête, il pleut à verse.
« Pourtant de tous côtés j’entends étourneaux et pinsons ; le merle rit et babille ; c’est le moineau, la mésange ; c’est le coucou qui appelle au bois ; c’est l’hirondelle ; et partout l’on vole et l’on gazouille.
« Où reste-t-il si longtemps, le rossignol ? Oublie-t-il de venir nous
  1. Par exemple : Le Rossignol (plusieurs poésies, d’époques différentes).
  2. Par exemple : Le nid de mésanges. — Ces effets se perdent évidemment dans une traduction.