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LE BEAU RÉVEIL

Et pourtant ce poète descriptif et lyrique est un maître ; un initiateur qui infusa une vie nouvelle à la poésie de son pays, et qui, bien avant Claudel et Jammes, réintégra dans la littérature l’inspiration je ne dis pas religieuse, mais catholique. — C’est un poète régionaliste si vous le voulez, en ce sens que sa terre patriale servit comme de tremplin à ses élans ; mais c’est aussi un poète universel, par la qualité de son lyrisme, par les profonds sentiments humains que chantent dans ses vers. « Nous n’avons pas seulement ici, écrit Charles Grolleau, un poète de terroir dont l’œuvre ne vaut que pour ceux de son coin natal, mais un très grand parmi les grands ; — une œuvre qui, même dépouillée de ce qui dit sa race et son milieu, rend le son, qui ne trompe jamais, d’une âme créée pour tous[1]. »

Il appartient de droit à la littérature universelle au même titre que Frédéric Mistral, le chantre de la Provence, auquel il fait songer quelquefois.

Son influence, en son pays, est considérable. Il a fait école. Quel est le poète flamand d’aujourd’hui qui ne doive quelque chose à ce « grand semeur de beauté » ? Même plusieurs poètes belges d’expression française ont subi son charme. L’auteur d’  « Au milieu du Chemin de notre Vie », Dom Bruno Destrée, m’avoua un jour qu’il faisait ses délices des ravissantes piécettes du maître Westflamand, et me conseilla d’apprendre de lui ce qu’est la vraie poésie catholique.

    Belges. Turnhout). — (M. de Rudder se trompe grossièrement dans l’analyse du sentiment religieux du poète.)
    Un disciple de Gezelle, l’abbé A. Cuppens, a donné, dans Durendal, une très bonne traduction et un commentaire de plusieurs poèmes du Maître.

  1. Ch. Grolleau. Une gloire de la Flandre.