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LE BEAU RÉVEIL


Et le samedi soir, la veille du dimanche,
Ces vieilles avec de petits balais
Nettoient leurs maisons si blanches !
— Il faut que ces maisons soient très blanches.
Et les maisons sont basses comme les vieilles
Et chancelantes ; et leur regard
Est doux le soir ;
Car le soir, les maisons s’éclairent :
Le vent souffle dans les rues noires,
Mais derrière les grillages, entre des rideaux roses,
Dans une lumière douce,
Des vieilles sont assises, qui tricotent, avec des vieux en sabots.
C’est la nuit. —


Le dimanche clair,
J’ai vu dans les rues blanches,
Rasant les murs blancs,
Des nonnes noires
Toutes noires,
Aux voiles légers
Que le vent tordait.
Elles sont entrées dans l’église jaune,
Immobile au milieu du vent.
— Les cloches sonnaient,
Les trois cloches dans le clocher
En se renversant vers le ciel.
L’église était sombre — haute — ronde,
La pierre était nue ;
Les flammes des cierges veillaient
Au fond du sanctuaire.
Les nonnes entraient une à une
Et se groupaient ;
Et des vieilles chancelantes devant les statues