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LE BEAU RÉVEIL


Le glissement et le retour de cette autre ;
Mais ce n’est pas une vague après une vague
C’est une vaste rumeur
Une immense rumeur continuelle,
Qui n’a ni commencement ni fin
Et qui continue
Comme un homme qui crierait,
La bouche ouverte sur une seule note éternellement.
C’est une note immobile
Comme la souffrance éternelle des âmes
Et les plaintes arrachées sur la surface de la terre !
Oh ! ce chant
De la vaste mer nocturne,
C’est un accompagnement
Continu, continué sans trêve.
Il faut un chant
Qui éclate brusquement,
Un lied immense — calme — apaisé,
Un chant qui monte vers Dieu du fond de la mer,
Et que le vent — vaste mer — me porte.
Moi, je chante !…

…Comme le Béarnais aime Bétharram et Lourdes, le Breton Sainte-Anne-d’Auray et Saint-Michel-du-Péril, le Provençal aime les Saintes-Maries. Le jeune poète aixois a fait le pèlerinage cher aux gens de chez lui ; il en rapporte un poème d’une étrange intensité de vision, un tableau aux couleurs crues, aux lignes nettes : sur un fond bleu, des formes blanches et noires, et le soleil qui éclaire tout, et le mistral qui fait tout bouger.