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LE BEAU RÉVEIL


Ô Bernadette, joie ;
Ô Bernadette, dont les petites mains
Sur mes yeux sont rafraîchissantes !
Votre patronne reposait dans les plis
Du manteau de la Vierge Mère :
Que la Vierge Marie nous bénisse,
Mon poète, ma petite Bernadette, et moi pauvre.

Aix, Noël 1910.

Faites comparaître ce poème devant le tribunal de la critique officielle : il en sortira sans doute condamné. Au contraire, faites-vous une âme simple pour écouter l’âme simple qui chante ici et sanglote de tendresse et de joie : et vous sentirez une très douce émotion vous envahir. La Poésie française, toujours soucieuse de sa tenue, toujours un peu fardée et un peu coquette, a rarement des élans aussi spontanés, de ces cris où la tendresse « parle toute pure ». À ce lyrisme tout méridional, elle préfère l’émotion contenue d’un Sully Prudhomme. Mais qu’importe ? Cela ne m’empêche point d’aimer ces invocations insistantes comme des appels de litanies, ces paroles naïves et ferventes pareilles à des baisers, cette sincérité et cette fraîcheur où l’on respire le parfum exquis d’une âme jeune qui ignore la flétrissure.

Léo Latil a décrit lui-même « sa tendresse » dans le délicat petit poème que voici :

Tendresse


S’il fallait dire votre couleur, ô ma tendresse,
Je ne dirais pas que vous êtes verte, ou mauve, ou grise,
Mais bleue