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LÉO LATIL

J’ai parlé plus haut du sentiment de la nature, tout franciscain, naïf et fraternel, qui rapproche Léo Latil de Jammes, de Lafon et de Guido Gezelle. Comme eux aussi, il est doué de cette simplicité du cœur qui le porte vers toutes les créatures, même les plus humbles : vers les petits ânes (si délicieusement chantés par Jammes) et les petits enfants, vers les cailloux et les fleurs, — et qui sait trouver partout une étincelle de la splendeur divine. Il a, à un suprême degré, ce « don d’enfance » qui garde aux poètes la fraîcheur d’impressions, la faculté de regarder toutes choses avec des yeux neufs, de s’attendrir devant la plus menue beauté de la terre, de s’émerveiller délicieusement, même devant ce qui est usé à nos yeux par l’accoutumance.

Déposons donc les préjugés d’école, et écoutons le chant de cette âme ardente et pure, simplement, comme nous écouterions le chant d’une source dans les bois :

Prière à mon Poète[1] et à la petite Bernadette
sa fille


— Oh ! mon poète !
— Ma petite Bernadette,
Les yeux noirs de ma petite Bernadette,
Je vous aime :
Vous êtes une émotion ancienne et une émotion nouvelle !
Je souris ; à vous voir mes lèvres tremblent

  1. Francis Jammes, dont il fut le disciple bien-aimé.