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LE BEAU RÉVEIL

émerveillée et reconnaissante de la création du bon Dieu, son amour de la pureté, de l’innocence, de la lumière, de la splendeur invisible. On pourra regretter cet abandon total des formes traditionnelles. Mais qu’on écoute : le rythme qui soulève ces poèmes, c’est le rythme même de la vie. Vie frémissante, vibrant au contact de la beauté matérielle ou spirituelle. Son lyrisme nous arrive tout bouillant, et il semble que le travail d’un ouvrier ès rimes n’aurait pu que le refroidir. Aucune forme fixe ou consacrée n’en capte les ondes fougueuses, et elles n’en sont que plus pures et plus puissantes. « L’art littéraire, a dit Willem Kloos[1], est l’expression la plus individuelle de la plus individuelle émotion. L’œuvre d’un vrai poète ne ressemble jamais à celle d’aucun autre ; car tout homme, mais surtout chaque poète, a sa manière personnelle de voir et de sentir, et par conséquent, en outre, sa manière personnelle de rendre. »

Léo Latil dit son rêve de beauté à sa façon : — simple et directe. Forme simple, d’une simplicité claire et nue. C’est une eau limpide qui réfléchit exactement le paysage ; un regard pur qui reflète l’âme entièrement. Notation directe : — qui n’a point passé par les phrases des maîtres pour leur emprunter un tour ou une image.

Aussi bien, la sincérité de l’accent par quoi se distingue cette poésie fera tomber les préventions qu’on a contre elle.

Et quelle ferveur ! C’est un jaillissement de flamme, un chant de pure ivresse, une extase dans l’amour et dans la lumière.

  1. Poète et critique hollandais, un des chefs de l’École « moderne ».