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LÉO LATIL

que route vers ce Dieu de douceur et de consolation »[1].

Mais c’est dans ses poèmes, d’un si fervent lyrisme, que nous aurions pu trouver le reflet le plus fidèle, le rayonnement le plus clair de l’âme forte de Léo Latil.

Ces poèmes sont inédits. « Il les conservait discrètement encore, prêt à bientôt les faire connaître, non par ambition personnelle, mais pour apporter sa pierre de fidèle à l’édification du temple du Seigneur[2]. » Hélas, les plus précieux ont disparu sans retour. « Il était allé les soumettre à Francis Jammes, son ami très cher, et dans la hâte qu’il mit à répondre à l’appel de la mobilisation, il les égara, sans que jamais ses amis aient pu les retrouver[3]. » Grâce à la bienveillance de M. le Docteur Latil, il m’est cependant permis d’offrir au lecteur quelques poèmes inédits de Léo conservés pieusement par son père.

Ces poèmes déconcerteront certains par leur forme si indépendante, qui est un défi à toutes les métriques connues. La technique de ce poète nous échappe, nous n’en saisissons pas les lois. Il semble qu’il n’ait nul souci des savantes combinaisons rythmiques, moins encore, des sonores carillonnages de rimes. Il délaisse l’art raffiné et méticuleux de ses ancêtres les troubadours de Provence. Pour lui, la poésie est autre chose qu’un « gay sçavoir ». La poésie, c’est sa tendresse, sa douleur ou sa joie ; c’est sa vision

  1. François Mauriac. La Correspondance d’André Lafon, (Revue des Jeunes, 10 août 1918).
  2. Francis Jammes, loc. cit.
  3. Lettre du Docteur Latil à l’auteur.