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LE BEAU RÉVEIL

de Dante ou la Jérusalem céleste entrevue par le Prophète. Que j’étais haut dans une atmosphère heureuse ! Ah ! ceux qui m’entouraient pouvaient me déplaire et me rebuter, ce n’était pas eux l’Église, mais cette assemblée magnifique qui définissait le dogme eucharistique : le dogme de charité. Je tenais à vous raconter cette Église, et je tenais à définir mon cœur de pur catholique, le même que mon cœur d’ami. »

Ces sentiments, il les confirma solennellement trois mois plus tard, dans les lignes suivantes de son testament, qu’il rédigea la veille de son départ pour les armées :

« Je crois au dogme de l’Église catholique avec joie ; je sens que la foi domine ma vie, qu’elle la dominera chaque jour davantage. Je veux être un soldat du Christ, et m’efforcer d’écrire et de parler pour le service de l’Église et de la France… Ne me plaignez pas ; je crois à l’éternelle Béatitude ; mais priez pour moi chaque jour. »

Les lettres de Léo Latil, sans apprêt et nullement destinées à la publicité, ne révèlent pas seulement les vertus de l’homme, mais aussi de remarquables qualités d’écrivain, d’observateur et de poète. À chaque page on s’arrête pour goûter une image ou une évocation suggestive, des notations saisissantes de vérité ou de plasticité, un rapide tableau, vivant d’une émotion profonde et contenue.

Nos meilleurs descripteurs signeraient cette petite scène prise sur le vif : « Un petit vieux tout rasé, sous un grand chapeau noir, et qui branlait sur sa canne, nous a dit : « Eh ! oui, il fait beau temps ; mais le temps d’automne, c’est comme la santé des vieux ; un