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LE RENOUVEAU CATHOLIQUE

Mais l’histoire sociale et littéraire met en lumière d’autres causes qui devaient contribuer aussi à amener pour la pensée une ère nouvelle. Les écoles philosophique et littéraire du jour devaient infailliblement déplaire aux esprits loyaux et dégoûter les esprits délicats.

En philosophie, le positivisme et le matérialisme qui ne pouvaient offrir qu’une science froide, orgueilleuse, insuffisante, dépourvue de certitude pour les esprits et de sécurité pour les cœurs ; en littérature, le naturalisme qui, pareil à la baguette de Circé, change en pourceaux tout ce qu’il touche, et qui, voulant ignorer ou niant ouvertement la conscience et la distinction entre le bien et le mal, hâtait la décomposition de l’art et la déchéance totale du peuple ; — tous ces édifices de l’Orgueil et de la Volupté devaient crouler, sapés par une réaction inévitable, minés par leurs propres excès.

Vers 1890 nous commençons à assister à la débâcle de toutes les idolâtries : le scientisme, s’il est encore gobé par le peuple, ne satisfait plus les esprits exigeants ; du naturalisme vieilli, dont se repaît encore la foule dévergondée, les lettrés se détournent par lassitude ou par dégoût.

Au lendemain de la fameuse exposition de 1889, qui semblait l’apothéose de la Science, soi-disant déesse de l’Avenir, voici précisément qu’on reproche à cette même Science de ne point satisfaire les besoins profonds de l’âme, de laisser sans solution les plus angoissants des problèmes. Berthelot avait dit : « Le monde est aujourd’hui sans mystères », et voici qu’un besoin violent d’au-delà et de mystère se manifeste ! Dans