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LE BEAU RÉVEIL

âme. Elles témoignent de la tendresse de son cœur, de la hauteur de son idéal, de la ferveur de sa foi.

Il s’était habitué très vite à la vie du front ; il y trouvait de l’attrait ; il en acceptait les rudes épreuves avec générosité, et les rares joies avec reconnaissance. Il avait un entrain et une gaîté remarquables : « Je suis fier de mon régiment… Tous ces jeunes gens sont admirables… Je suis si bien à ma place, si droitement et si facilement engagé pendant ces mois, que vous devez être heureux en pensant à moi… » — « Je vous assure que je n’ai jamais perdu ma fermeté ni même cette sorte de joie qui me soutient. » — « Ma volonté est demeurée maîtresse de moi. J’ai toujours eu (pendant ces vingt-cinq jours de tranchée) les forces, le courage, l’entrain qu’il fallait. J’étais gai et j’ai toujours pu remonter mes hommes. »

Cette gaîté-là est une vertu, et son rayonnement un bienfait. Rien qui ressemblât à la joie bruyante et fanfaronne, — souvent factice. Sa sensibilité exquise faisait vibrer ce poète à toutes les douleurs qui le désolaient, mais il eut le courage de réagir contre tout abattement qui eût été un mauvais exemple.

Sa bravoure était réfléchie ; dans son idéal chrétien, elle avait sa place marquée : « Pour supporter sans découragement, sans lâche tristesse, la vie qui nous est imposée, il faut s’efforcer de vivre comme un saint et désirer les sacrifices, aller au-devant d’eux. » — « Je n’ai pas à vous demander de prier pour moi ; ne priez pas pour que les souffrances me soient épargnées, priez que je les supporte, pour que j’aie tout le courage que j’espère. Il ne faut pas perdre de vue que nous allons nous battre pour de grandes choses. »

Il avait à un haut degré ce goût du renoncement