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LÉO LATIL

fut accepté, sur ses instances, par le Conseil de révision réuni, en octobre, à Aix. Plein de courage et d’espoir, il partit. Il fit ses classes à Briançon, puis à Grillon, dans la Drôme provençale. Ensuite il partit pour la Meuse. Toutes les privations, toutes les fatigues lui semblaient légères, soutenu qu’il était par une énergie inlassable et une haute conception du devoir patriotique. Remarqué par ses chefs, il reçut bientôt les galons de caporal, puis de sergent ; son colonel songeait à faire de lui un officier… Au témoignage d’un de ses supérieurs, « il était le gradé parfait : ferme, énergique et très bon pour ses subordonnés… » Vint l’offensive de Champagne. Léo s’exalte à la pensée des victoires… Le soir du 27 septembre 1915, notre héros qui, blessé le matin d’une balle en séton dans le haut du bras, n’avait pas voulu qu’on l’évacuât, participa à une attaque à la baïonnette.

« D’une très belle tenue au feu, d’un sang-froid et d’une bravoure à toute épreuve, il avait su communiquer aux hommes de sa section le courage qui l’animait. Il les entraîna dans un vigoureux assaut jusqu’au réseau de fils de fer d’une tranchée ennemie, et tomba à ce moment, frappé d’une balle en pleine potrine »[1]. Il tomba face à l’ennemi, « indiquant encore, par la position de son corps, la direction à ses hommes »[2]. Il avait communié avant l’attaque.

On ne peut lire, sans une profonde émotion, ses lettres[3], toutes simples et toutes pleines de son

  1. Lettre du lieutenant colonel G. à M. le Docteur Latil.
  2. Lettre du lieutenant K…
  3. Lettres d’un soldat. ( « Pages actuelles », Bloud).