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LE BEAU RÉVEIL

l’Église et de la France. » Étudiant, il mettait déjà ce programme en pratique. À l’exemple de son père, le docteur Latil, conférencier et journaliste très apprécié, chrétien admirable, homme d’œuvres connu dans toute la Provence et au delà pour sa charité et son dévouement à l’Église, Léo voulut être un homme d’action. Il fonda, et dirigea jusqu’à la veille de la guerre, avec une grande autorité, la Conférence Ozanam, qui groupait l’élite des étudiants aixois. Ce jeune patricien, ce fin lettré n’eut pas horreur des taudis où, suivant l’exemple paternel, il monta prodiguer les aumônes et les bonnes paroles. Les œuvres religieuses trouvèrent en lui un bon aide, et la vérité catholique un intrépide défenseur.

Les plus belles qualités du cœur et de l’esprit lui gagnèrent d’ailleurs toutes les sympathies. Ses amis nous ont dit « cet oubli de soi-même, cette angélique douceur, ce goût des choses éternelles, qui bientôt auraient fait de lui un apôtre »[1], « cette bonté souriante, qui l’inclinait de préférence vers les humbles, vers les modestes, vers les petits enfants. » — « Ce jeune homme de vingt-cinq ans imposait le respect[2]. »

La déclaration de guerre dut le trouver vibrant de patriotisme. Sa jeunesse ardente et généreuse, qui n’avait abdiqué devant aucune des forces mauvaises qui sollicitent, à cet âge, nos lâchetés et nos désirs, l’avait préparé aux mâles actions et aux suprêmes sacrifices. Il voulut « servir. » — Sa santé frêle l’avait fait exempter du service militaire. Encore écarté, au début de la guerre, par la Commission de Marseille, il

  1. Francis Jammes, dans la Croix de Paris (21 oct. 1915).
  2. Louis Coirard, dans la Croix de Provence (17 oct. 1915).