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LÉO LATIL

L’histoire de la Grande Guerre, qui regorge de traits sublimes, n’a rien à offrir de plus profond et de plus touchant à nos méditations que l’oblation volontaire de l’élite des Jeunes, leur acceptation joyeuse de la mort nécessaire. Pour l’immense sacrifice expiatoire, Dieu a exigé beaucoup d’hosties très pures, qui Lui fissent agréer aussi les autres. Nous adorons sa Justice qui a réclamé une telle rançon, sa Sagesse qui veut leur mort plus féconde encore que n’eût pu être leur vie. Comme les calvaires aux carrefours de nos routes, ces immolés, images du Christ, apparaissant aux carrefours de l’histoire, enseignent la vraie grandeur humaine et la vertu cachée du sacrifice.

À côté des Psichari, des Lafon, des Borsi, il convient de nommer un autre jeune poète, qui fut un héros et un saint : Léo Latil.

Léo Latil naquit à Aix-en-Provence, le 10 mai 1890. Il fit ses humanités au Collège catholique de sa ville natale, puis à l’Université, où il eut pour maître l’éminent philosophe, Maurice Blondel. Il conquit les grades de licencié en droit et licencié ès-lettres (philosophie). Écrivain et poète, il ne s’enferma point dans la tour d’ivoire de son art ; tout son talent, toute son activité, il entendait les employer à répandre autour de lui plus de bonheur par plus de lumière et d’amour. « Je veux m’efforcer, dira-t-il plus tard dans son testament, d’écrire et de parler pour le service de