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FRANCIS JAMMES

un pinceau, et se peigne les poils courts du crâne », — et qui « s’entoure de sa queue dont l’extrémité se tortille ».

Voici le chant du rossignol : « Ses trois appels, suivis d’un rire en pleurs de source ».

Il résume en un trait la grâce des « presbytères ensevelis sous les roses », « d’une colline emplie de printemps et de ténèbres », d’un « paysage si net que l’on voudrait jeter dessus les dés du jeu de l’oie. »

Ses comparaisons et ses images sont un enchantement. Peut-on résister au plaisir d’en cueillir une brassée ?

Tantôt elles nous ravissent par un hardi mélange de justesse et de bonhomie, comme le costume de cette paysanne : « rouge et vert comme une machine agricole » ; tantôt elles sont gracieuses, et familières et souriantes : « Les balcons ventrus s’ornaient de volubilis et de géraniums, comme de broderies les gilets des gentilshommes ». — « Les bords de cette feuille de papier étaient brodés comme ceux d’un pantalon de petite fille »…

En voici de fort exactes : « Les mésanges à tête noire faisaient, dans les obscurs figuiers, le bruit de galets remués par l’eau ». — « La crécelle des cricris tremblait comme un timbre de petite gare. » — « Pentecôte (l’orpheline) suspendait la lessive : on eût dit qu’elle mesurait de la neige. » « … la cruche dont l’argile bombée sue comme le front du travailleur ». — « Le saule pleureur : une averse de verdure ».

Et celles-ci, poétiques : « Le couchant devenait semblable à un grand cerisier, drapé de bannières bleues et dorées ».

« On apercevait dans le ciel un nuage, comme un