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LE RENOUVEAU CATHOLIQUE

ce pas ? La terre semblait frileuse et morne sous les grêles et les averses de mars. Puis, un clair matin, un pur matin de temps pascal, le printemps fait une irruption violente dans la nature : avril traverse le pays comme un immense éclat de rire, — et voilà, brusque, dirait-on, le réveil des fleurs, des chants, et de la joie !

L’observateur et le poète cependant, qui ont épié la naissance des bourgeons et suivi la marche des soleils, ne sont point surpris : ce qui éclate aujourd’hui se préparait depuis des semaines dans le secret de la terre.

Voilà l’image de ce qui s’est passé en littérature : le splendide rajeunissement que le catholicisme lui fait subir force à l’heure présente l’attention des plus distraits. Mais dès 1890 il se trouvait des esprits perspicaces pour le prévoir, et plus d’un se hasardait à le prédire.

Et c’est bien d’un renouvellement profond, d’une renaissance qu’il s’agit. Pour nous en convaincre, retournons un instant à « ces tristes années quatre-vingts » et nous verrons de quels abîmes on est remonté, et vers quels sommets !

En ce temps-là, comme à l’époque du dissolvant Philosophisme, toutes les puissances intellectuelles de la France semblaient liguées contre le Christ et contre son Église. Zola triomphait dans le roman ; Renan dirigeait le chœur des « penseurs », et, dans la poésie, Hugo et Leconte de Lisle mettaient leur art si puissant au service d’une basse fureur d’irréligion.

Sans doute, il y avait de prestigieux maîtres du