pas ? Et voici la réplique dans les Géorgiques chrétiennes :
« Mon Seigneur ! J’ai fini ce chant. Bénissez-moi.
… C’est le souffle cueilli sur un chaume imparfait.
Je n’ai rien d’autre à Vous offrir ! — Seigneur, qui sait,
Peut-être accueillez-vous avec une âme égale
Le chant des Séraphins et celui des cigales…
— N’ayant rien d’autre à moi, vers Vous j’élèverai
Cette motte de terre enlevée au guéret :
C’est mon cœur : il n’est bon à rien ni à personne.
C’est pourquoi le mouillant de pleurs, je vous le donne. »
Comme d’instinct, le poète préférait aux spectacles grandioses de la nature, les créatures les plus humbles et les plus dédaignées : Et il est vrai qu’une flaque de boue reflète tout l’azur, et que toute la splendeur des aurores, des midis et des couchants se trouve résumée sur l’élytre d’un petit insecte !
« Toute couleur est émotion et toute ligne adoration. Un arbre est une fête. Une motte de terre est autre chose qu’un ton : c’est tout le poème du labour, de la pluie et du soleil. Une maison est autre chose qu’un cube diversement coloré : c’est tout le poème de la famille. L’homme n’est pas qu’une rétine : Il commet une sacrilège folie celui qui ne reconnaît aux êtres que leur surface et leur volume, en les spoliant des raisons mêmes de leur existence[1]. »
Et pourtant, comme ils sont nombreux, ceux qui regardent distraitement, et s’arrêtent à la surface des
- ↑ La Terre Wallonne. no 1.