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LE BEAU RÉVEIL

sont admirables, s’écrie-t-il, que le vase d’argile plein de l’eau du baptême, est digne d’être aimé ! » Et sa tendresse s’en est tellement accrue encore ! Oh ! ce don d’émerveillement devant la création radieuse ! « Regarde, dit un de ses personnages, regarde ce qu’a fait le bon Dieu ! Envoie-lui un baiser ! » — En écoutant Jammes, nous comprenons le mot de Maurice Denis : « l’art est la sanctification de la nature. »

Deux sentiments connexes de ce franciscanisme rentrent avec lui dans la littérature : l’humilité adorante — et la joie. Vous pensez quelle nouveauté dans notre poésie, si orgueilleuse et si désespérément triste depuis J.-J. Rousseau !

Le rappel de l’humilité s’imposait, du moment qu’on déplaçait le centre de tout : du moi — à Dieu.

Et ne croyez point que ce soit abaisser la poésie que de l’agenouiller devant Dieu. L’humilité est la vérité, et la poésie n’est que l’auréole de la vérité.

Écoutez cette préface, fort suggestive au point de vue qui nous occupe, de son tout premier recueil de vers : « Mon Dieu, vous m’avez appelé parmi les hommes. Me voici. Je souffre et j’aime. J’ai parlé avec la voix que vous m’avez donnée. J’ai écrit avec les mots que vous avez enseignés à ma mère et à mon père qui me les ont transmis. Je passe sur la route comme un âne chargé dont rient les enfants et qui baisse la tête. Je m’en irai où vous voudrez, quand vous voudrez… L’Angélus sonne… »

Nous voilà loin de la morgue hugolienne, n’est-ce