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LE BEAU RÉVEIL

don de la recherche des vérités divines dans ces quatre vivants chapitres de la nature : les saisons avec leurs images. Il est bon, de crainte qu’on ne l’oublie, de répéter que le monde existe, comme le redisaient à coups de marteaux les vieux Maîtres dans la pierre des cathédrales.

Le monde existe, non seulement dans la matière la plus dure, mais encore dans sa nuée, que les mêmes vieux maîtres ont sculptée sous les pieds de Notre-Dame. Il existe tellement, le monde, que nuée lui-même en son ensemble, mais compacte, il nous prouve le Ciel en nous le voilant. »

Voilà le fondement de son naturisme chrétien : réalisme objectiviste, affirmant, avec les Thomistes et contre l’idéalisme subjectiviste des philosophes allemands, l’existence réelle et distincte des êtres contingents et de l’Être nécessaire ; mysticisme catholique, rendant aux êtres corporels leur signification symbolique, car, selon saint Paul, les choses visibles sont le miroir des invisibles.

Aussi bien le sentiment de la nature s’associe-t-il souvent au sentiment religieux : selon que celui-ci est vrai ou faux, celui-là est sain ou morbide.

L’amour chrétien de la nature est exempt de mièvrerie ; il est plutôt un signe de vigueur morale, comme il est une source de tendres émotions et de joie.

La création regorge de merveilles ; elle proclame l’amour paternel de Dieu pour nous. Elle est une table dressée, un arbre chargé de beaux fruits — pour nous. Les choses sont bonnes, non seulement en soi, — mais aussi par rapport à l’homme, s’il en use selon l’ordre.

Chanter l’utilité de la création, nos poètes de salon