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LE BEAU RÉVEIL

fiance. En 1910, la naissance et l’éveil à la vie de son premier enfant lui inspirent ce très joli livre : « Ma fille Bernadette », d’une grâce et d’une fraîcheur délicieuses. En 1913, il donna ses « Géorgiques chrétiennes », une épopée rustique, couronnée deux fois par l’Académie.

Les aspects de la terre et du ciel, les saisons avec les travaux et les plaisirs qu’elles ramènent : semailles, récoltes, chasses ; les époques liturgiques avec leurs fêtes : Noël, Pâques, Fête-Dieu, jour des âmes, y apparaissent autour des événenents de la vie d’une famille patriarcale ; tout cela relié par une très mince intrigue. Une grande sérénité rayonne de ces tableaux, et le poème « a l’air d’être en état de grâce ».

Suivirent deux romans poétiques : Le Rosaire au Soleil et Monsieur le Curé d’Ozeron, d’une simplicité, d’une grâce exquises, et qui sont une nouveauté dans la littérature française. Le Poète rustique, qui ressemble à une autobiographie, plaît beaucoup moins. L’intrigue en est par trop insignifiante[1]. Mais « l’Alma-

  1. J’aime infiniment la fraîcheur d’impressions, la notation directe des sensations, l’image neuve, et par dessus tout l’exquise simplicité du poète d’Orthez ; — mais cette fois sa bonhomie dépasse les bornes, sa naïveté est trop voulue, sa rusticité n’est pas toujours du meilleur goût. Nous sommes très loin de la noble simplicité de « Monsieur le Curé d’Ozeron » et des « Géorgiques chrétiennes » ! — Nous savons que Jammes ne sait pas construire un roman, qu’aucun de ses livres ne se distingue par l’art de la composition. Il est bien vrai que les jolis détails rachètent toujours, chez lui, cette imperfection de l’ensemble. Mais l’impuissance à nouer une intrigue, je ne peux admettre qu’on en fasse une « qualité » ! « C’est une erreur, quand on écrit une histoire, de vouloir à toute force que sa trame présente ce je ne sais quoi d’artificiel et d’en-