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FRANCIS JAMMES

saillaient jusqu’à me faire douter que la confession et la communion me fussent possibles. Puis, un jour, ce raisonnement : « Il est impossible que Dieu empêche un homme qui veut aller à lui, de L’atteindre. » Et alors je me décidai, après avoir consulté, à marcher sur ces ronces. »…

Et le 7 juillet, son directeur spirituel, le P. Michel, le confessa et le communia. Paul Claudel, revenu de Chine, servait la messe. Ce fut un jour divinement beau. Jammes avait retrouvé la paix et la joie.

Dieu ne lui épargna point cependant l’épreuve de l’aridité spirituelle. Mais le converti tint bon. Et il devint fort. Et s’étant marié, il vit son foyer béni par « le Seigneur de Cana. »

Désormais, il consacrera son art à faire connaître et aimer le Dieu qui est venu l’arracher à sa misère. Il ne sera pas un docteur, ni un apologiste, mais un apôtre. Comme la Samaritaine à qui le Christ révéla « le don de Dieu », il s’en va raconter à tous qu’il a découvert Celui qui dispense l’eau vive.

La nature, la vie humble, qu’il aima toujours, il va les magnifier mieux que jadis, parce qu’il a trouvé le secret de leur grandeur.

La foi a modifié, élevé sa conception du monde, épuré son sentiment poétique, donné des ailes à son inspiration. Non, non, la source n’est point tarie ; elle jaillit plus haut et plus clair ; elle ne reflète plus de visages troublants.

« En Dieu » et « l’Église habillée de feuilles » sont déjà des poèmes chrétiens. C’est le converti qui aspire au ciel, à la pureté, qui prie avec les humbles, qui, au retour des heures sombres, dit sa détresse et sa con-