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FRANCIS JAMMES

De Louis-Victor Jammes, alors receveur de l’enregistrement à Tournay, dans les Hautes-Pyrénées, et de madame Anne Bellot, naquit un fils qui reçut au baptême le nom de Francis.

J’imagine que toutes les bonnes fées entourèrent le berceau de ce nouveau-né, et, comme dans les contes connus, chacune forma pour lui un souhait magnifique : l’une lui confia, comme à Tyltyl de l’Oiseau bleu, le diamant qui fait voir « ce qu’il y a dans les choses » ; l’autre, l’art d’enfermer dans sa voix toutes les voix de la nature ; une troisième, la plus bienfante de toutes, lui donna la bonté.

Le petit Francis grandit dans le décor merveilleux de son pays de montagnes, qui se chargea de développer en lui les dons des fées. Il étudia au collège de Pau d’abord, puis à celui de Bordeaux, où il perdit son père. Sa mère vint se fixer avec lui à Orthez.

À vingt ans, nous le trouvons… clerc de notaire !

Mais oui, le destin a de ces cruautés envers les poètes : mais la poésie finit toujours par avoir raison des malveillances du destin !

Le jeune clerc apportait dans l’étude poudreuse une vie bruissante de rêves, une âme débordante d’émotions, d’images et de parfums. Ah ! dans la vie du poète, ce moment est moins glorieux sans doute que celui où il cueillera les palmes, mais certes plus troublant et plus doux : celui où il fait son premier rêve de gloire !

Un jour, où l’on avait empli son âme d’autant de soleil que possible pour en construire de lumineux châteaux en Espagne, on s’est senti effleuré plus sensiblement par l’aile de la Muse… Comme sous dictée, on a écrit des vers plus chauds et plus vibrants,