Page:Camille Allary - Au pays des cigales - nouvelles et contes.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l'hiver nous battions la semelle, le bassin dans lequel nous pataugions l'été; il m'apporte mon adolescence, nos grandes courses jusqu'à Sainte-Victoire et au Pilon du Roi, nos premiers vers écrits sous les ombrages des Pinchinats, nos premières amours, le soir, sous les fenêtres des demoiselles, auxquelles nous donnions des sérénades, comme dans Byron et dans Musset.

Quand je les ai lus, ces nouvelles et ces contes dorés par le soleil de Provence, il m'a semblé que je redevenais tout petit pour me remettre à grandir. J'avais cet attendrissement des vieilles lettres d'amour retrouvées au fond d'un tiroir. Savez-vous quel rêve je faisais? Je me voyais au bord de l'Arc, dans un trou de feuilles que je connais bien. Il y a vingt ans que je ne suis allé m'asseoir sur cette berge; mais elle est restée pour moi avec son printemps éternel, son bouquet de saules, son eau