Page:Cameron - A travers l'Afrique, 1881.pdf/258

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Tous les hommes portent des sifflets qui, en route, leur servent de moyen de ralliement.


Sifflet.

Quelques Vouaroua arrivèrent à Mékéto pendant notre séjour ; ils apportaient du poisson sec et de l’huile de mpafou qu’ils venaient vendre. Leur vue me rappela ce fait bizarre que bien que le Tanganyika soit très poissonneux, ses riverains ne font sécher que le dagaa, espèce minuscule, de la taille du vairon, tandis qu’ils achètent avec empressement le poisson que les Vouaroua leur apportent d’une distance de cent cinquante milles et plus.

Notre première halte, après Mékéto, eut lieu au village de Pakouanaïhoua, chef de l’Ouboudjoua, village situé à un jour de route au delà de Kouammrora Kaséa.

Des cours d’eau sans nombre furent passés dans cette marche, entre autres le Rouhoumba que l’on confond souvent avec le Lougoumba, et qui est un des principaux affluents du Louama. Nous le traversâmes deux fois ; il était alors si rapide et si profond qu’il fallut jeter une corde de lianes d’une rive à l’autre pour empêcher les hommes d’être emportés par le courant.

Beaucoup de ces petites rivières sont d’une beauté remarquable, surtout la Lougoungoua à la place où, un peu en aval du gué, elle s’est taillé dans un grès tendre une auge qui a seulement huit pieds de large, mais cinquante pieds de profondeur. Sur les saillies de ses berges rocheuses croissent les plus jolies mousses, les plus charmantes fougères ; et les grands arbres des rives, entremêlant leurs branches, forment au-dessus de l’eau une véritable voûte de verdure.

Les montagnes au pied desquelles nous avions passé rejoignaient maintenant la chaîne de l’Ougouhha, dont la vallée du Lougoumba les avait séparées jusqu’alors.

Excepté celles de la girafe qui se rencontrent rarement à l’ouest de l’Ounyanyemmbé, les pistes de grands animaux de toute espèce abondaient. Dans une île sableuse, les empreintes de buffles étaient tellement pressées qu’on aurait pu croire qu’un troupeau considérable avait été parqué là. Mais de chaque côté