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Remis en marche, nous croisâmes peu de temps après l’embouchure du Lougouvou, rivière importante d’un fort courant, dont la teinte restait visible à une distance considérable du rivage. Il y avait là de nombreux éboulements, où l’eau suintait des flancs de la montagne.

Comme nous serrions de près la côte, nous vîmes sur la grève un éléphant, qui évidemment venait de se baigner. Je chargeai mon raïfle avec des balles durcies, je dis à mes hommes de se baisser au-dessous du plat-bord, et leur recommandai le plus grand silence. Un d’entre eux faisait la sieste à l’avant du bateau ; je le laissai dormir, craignant le bruit qu’il pourrait faire si on le irait de son sommeil. Mais je n’étais pas encore à belle portée de la bête, quand mon dormeur, s’éveillant de la façon la plus inopportune, aperçut l’animal : Temmbo, bouana ! — un éléphant, maître ! — cria-t-il de toutes ses forces ; et le temmbo, agitant ses énormes oreilles, se précipita dans la jungle comme un lapin dans son terrier.


Rencontre d’un éléphant.

L’équipage se prétendant épuisé par cette journée de route, exceptionnelle, au dire de mes hommes, je fis dresser le camp de bonne heure, sur un point de la rive très fréquenté par les éléphants : il y avait là des arbres que ces animaux avaient complètement polis, en se frottant contre eux au sortir du bain.