Grandvilliers forme une espèce de république isolée dans le département de l’Oise ; elle est séparée du chef-lieu et des grandes communes par des chemins très difficiles. Quelques familles protestantes vivent en paix dans ce canton : on y trouve beaucoup d’affabilité, de gaieté. Le maire y fait régner un bon esprit. Les plaisirs de la jeunesse sont la danse, le jeu de tamis, le jeu de paume, et le jeu de raquette ; les lieux préparés pour ces amusements sont garnis d’arbres sur une longueur de trois cents quarante-deux pieds sur quarante, quarante-deux, et soixante-six pieds de large : on danse sur un carré de deux cents soixante-dix pieds de long sur cent trente-quatre de large.
A peu de distance de Grandvilliers, dans la commune du Hamel, on voit de grosses chaînes que l’opinion publique déclare y avoir été déposées par un seigneur de Créquy. François Ier, prisonnier de Charles-Quint après la bataille de Pavie, ne pouvoit payer la forte rançon que l’empereur exigeoit de lui ; M. de Créquy, qui ressembloit beaucoup à François Ier, lui proposa de se charger de ses chaînes : refus ; on insiste : Créquy obtient enfin la faveur qu’il sollicite. Charles-Quint, instruit de cette ruse, traite fort mal M. de Créquy ; il est chargé de chaînes énormes, et maltraité par ses geôliers : sa confiance en Notre-Dame-du-Hamel le tira de cette fâcheuse position ;