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somme que le gouvernement m’avoit chargé de leur remettre. Nul incendie n’offrit une destruction plus entiere ; au milieu d’une forêt d’arbres noirs ou de couleur rousse, on n’appercevoit plus que quelques cheminées, quelques pignons à moitié renversés : l’église même étoit détruite. Les habitants sans vêtements et sans souliers, réunis, agglomérés sur un tertre, cherchoient en s’approchant une chaleur qui leur manquoit. Point d’abri contre les injures du temps, point d’espérance pour l’avenir ; ils voyoient leurs jardins entièrement brûlés, toutes leurs jouissances d’habitudes perdues ; leurs bestiaux erroient épars dans la campagne : on n’appercevoit que femmes échevelées suivies de leurs enfants tout nuds ; les chiens hurloient près de l’emplacement où fut jadis la porte de leur maître : jamais tableau n’offrit un spectacle plus vrai du malheur et du désespoir. Je dis à ces infortunés, au nom d’un gouvernement paternel, tout ce que me dicta ma sensibilité : au premier mot ils fondirent en larmes ; leurs sanglots étoufferent ma voix : les cris de la reconnoissance se firent entendre quand j’eus remis au maire l’argent que je leur apportois. Je les quittai, leur laissant l’espérance, sans laquelle l’homme malheureux n’essaieroit pas de réparer ses pertes.

Des vallons délicieux, des fonds coupés de ruisseaux couverts d’arbres de la plus grande vigueur, des jardins chargés de légumes et d’arbres frui-