le général Talbot ; il ne put s’en emparer. Cette entreprise est autre que celle où Jean de Ligneres sauva la ville en coupant à propos les cordes qui tenoient la herse de fer qui défendoit la porte de Lille.
La même année, pour se venger, les habitants de Beauvais surprirent le château de Rouen, qu’ils rendirent après faute de secours : malgré sa promesse le comte d’Arondel fit décapiter l’un après l’autre ceux qui s’en étoient emparés.
En 1472, la résistance des habitants de Beauvais contre les efforts du duc de Bourgogne les couvrit de gloire : attaqués par ce prince, à la tête de quatre-vingt mille hommes, ils résisterent avec un sang-froid, une sagesse, un courage inexprimables. C’est à ce siege que Jeanne Fourquet, surnommée depuis Jeanne Hachette, s’empara sur la breche d’un étendard appartenant aux Bourguignons : elle versoit sur l’ennemi des flots de poix fondue, d’huile bouillante, de chaux-vive ; et prévoyante autant qu’intrépide, elle faisoit préparer elle-même la nourriture des soldats qui combattoient à son exemple : toutes les ruses, tous les efforts des Bourguignons échouerent contre le patriotisme de cette héroïne, et le courage de quelques braves, des comtes de Damartin, du maréchal de Lohéac, des Fontenailles, des Crussol, des Rubempré, etc., qui s’étoient rendus de Noyon à Beauvais pour le défendre. Philippe de Com-