Page:Cambry - Description du département de l’Oise - Tome 1.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au plaisir de la société, que d’être entraînés par les jouissances qu’elle procure. Cette vie sédentaire, éloignée du mouvement étranger dont l’homme a besoin, fut la cause peut-être de cette habitude de médisance ou de calomnie qu’un vieux proverbe prêtoit aux habitants de Beauvais (Beauvais, ville sonnante, puante, et médisante). La surveillance de la police, la chûte des clochers, la justice et la raison, qui tous les jours doivent faire des progrès, anéantiront ce proverbe désagréable. Les cafés, les spectacles, les lieux publics sont peu fréquentés : les jeux de hasard y sont proscrits, et n’y ont jamais fait le désespoir des familles. Comme à Genève, comme à Basle, comme dans les petites républiques isolées, les étrangers sont rarement accueillis à Beauvais ; quelques familles y dominent, s’y sont alliées par le sang ou par des intérêts communs ; elles craignent tout ce qui ne tient pas à leur coterie ; et peut-être doit-on à cet éloignement, à cette espèce de méfiance, la probité, la fidélité à tenir leurs engagements, le peu de faillites et de banqueroutes qu’on y remarque. On croiroit qu’une petite ville où regnoient un évêque, tant de chanoines, le clergé de treize paroisses, les moines et religieuses de huit couvents, des séminaires, des collégiales, des chapelains, des hospitalières, un collège dirigé par des prêtres, des chantres, des bedauts, des enfants de chœur, où la raison et la réflexion étoient