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C’est le commerce des toiles de demi-hollande qui se fabriquent à Bulles qui rend ce canton un des plus importants du département de l’Oise. On y cultivoit une grande quantité de lins préférables à ceux de la Flandre : les Flamands et les Hollandais s’en procuroient à grands frais pour donner à leurs toiles la finesse qui fait leur réputation. Le gouvernement français, jaloux de protéger ces établissements, accordoit à ceux qui se livroient à la culture du lin des privileges qui firent un moment la fortune de ces contrées ; ils étoient exempts de corvées, on diminuoit leurs impositions ; les enfants de ces cultivateurs ne tiroient point à la milice. Si quelqu’un négligeoit une année la culture de ses terres, il étoit permis à tout habitant de la commune de Bulles ou de ses environs de semer du lin dans ses champs, en lui payant par forme de loyer 3 liv. par mine. Tous ces détails sont attestés par un réglement de l’intendant de Soissons, fait en 1753.

Les toiles fabriquées à Bulles se répandoient en France, chez l’étranger, en Espagne sur-tout : leur principal entrepôt étoit Beauvais. Dix ou douze maisons se partageoient cette riche branche de commerce : la maison de Goussainville a fait des produits de Bulles jusqu’à deux millions d’affaires par an.

C’est aux années 1751 et 1753 qu’on peut rapporter l’abandon progressif des linieres de Bulles :