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un but auquel on doit faire toucher la boule ; pour y parvenir on la lance dans l’air : les spectateurs se précipitent pour la saisir ; on se l’arrache, on la jette dans l’eau, on y tombe avec elle ; apres des batailles souvent dangereuses, le vainqueur la fait toucher au but désigné : il est maître alors des violons, et fait danser les filles et le femmes le reste du jour et toute la nuit.

J’ai fait connoître, dans le voyage du Finistere, l’origine et le sens de cette fête dégénérée, qui rappelle à la marche des mondes, à l’œuf des druides, à la prudence ordinatrice de l’univers, comme le menuet, danse jadis sacrée, représentoit les positions du soleil et de la lune.

On ne sait au premier aspect comment ces rapports peuvent avoir quelques fondements vraisemblables ; mais de telles métamorphoses, de pareilles chûtes, ne peuvent surprendre ceux qui, familiers avec l’histoire des dieux, voient le dominateur des mondes, l’être dont le sourcil en mouvement ébranle l’univers, devenir un taureau pour enlever Europe, un cygne pour caresser Léda, une pluie d’or pour pénétrer dans la tour qui renfermoit Danaé ; ceux qui voient Vichenou, une des puissances de l’univers, se métamorphoser en singe, en tortue, en linguam.

L’histoire de l’esprit humain, l’activité des charlatans, la stupidité des êtres toujours la dupe de leurs sens, réalisant, déshonorant les plus heureux