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ques étroites qu’ils nomment veilles : leur vie sédentaire, le besoin d’agitation chez des êtres toujours assis donnent à leur imagination une activité productrice ; de pieuses fables, de faux miracles, des histoires de sorciers, de devins et de revenants, les délassent de leur immobilité.

C’est dans le château d’Hardivillers, peu distant de Cormeilles, que se passa le fait si répandu que je vais raconter.

À certaines époques de l’année, spécialement à l’approche de la fête des morts, on entendoit un bruit affreux, des hurlements épouvantables dans le château d’Hardivillers ; la nuit il paroissoit en feu. Le fermier seul, avec lequel l’esprit étoit apprivoisé, osoit habiter cette demeure de démons et de réprouvés ; si quelque malheureux passant y couchoit une nuit, il étoit si cruellement traité que six mois apres il portoit encore la marque des coups qu’il avoit reçus : les paysans du voisinage voyoient des milliers de démons sur les toits, dans les cours, à toutes les fenêtres du château ; ces démons se promenoient quelquefois en bande dans la prairie, vêtus en présidents, en conseillers de robes rouges, mais toujours entourés de tourbillons de feu ; ils s’asseyoient en rond, faisoient paroître et condamnoient à mort un gentilhomme du pays, qui cent ans auparavant avoit eu la tête tranchée. On voyoit quelquefois dans cette assemblée sabbatique se promener un des parents du maître du château, donnant le bras