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les pointes saillantes du paysage, et de près rivalise avec le clocher du village. J’ai fait dessiner cet étrange aspect ; c’est un des plus jolis tableaux de mon voyage.

L’aisance que le travail répand à Savignies donne à ses habitants une gaieté qui se montre sans qu’on ait besoin de la solliciter ; c’est le rire de la franchise ; c’est cette disposition qu’on éprouve quand on veut plaire, quand on veut obliger ; c’est cet empressement, compagnon de l’hospitalité, qui fait accepter sans fausse politesse et sans grimaces tout ce qu’il offre : on y rit toute la journée, on y danse tous les dimanches, quand les fêtes patronales n’appellent pas les jeunes1 gens dans les villages des environs.

J’attendois un jour le maire, et causois avec une femme de près de quatre-vingts ans, avec son mari, vieux grenadier retiré, quand je vis sortir d’une chaumière une centaine d’enfants bien vêtus ; les garçons étoient séparés des filles, tous mar-choient avec décence. Je fus frappé, je fus étonné qu’un petit village envoyât plus d’enfants à l’école que nos grandes villes : je complimentai le maître d’école de son zèle ; je promis de venir un mois après distribuer des prix à ses élevés : je tins ma promesse. La porte étoit garnie de feuillages et de rubans ; un grand fauteuil qui m’étoit destiné étoit chargé de branchages de chêne et de bouquets ; et comme la totalité des enfants ne pouvoit pas se placer