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couverte d’arbres qui semble séparer Savignies du reste du monde ; elle forme un cercle autour de ce joli village, situé au milieu d’une forêt de pommiers, dans la plaine, au pied des monts.

Il n’est point d’aspect aussi bizarre que celui de ce tas de maisons séparées, placées sur un terrain inégal, et formant cependant une espèce de rue : au milieu d’énormes monceaux de fagots et de bois qui les rapprochent, et des arbres qui les dominent ; c’est un bûcher immense qui n’attend qu’une étincelle pour s’embraser, et qui, par un miracle de toute heure et de toute minute, subsiste au milieu de vingt-cinq fours allumés, et dans une incroyable activité, laissant par cent crevasses échapper des torrents de flammes, d’étincelles, et de fumée. Tous les toits sont couverts de chaume au milieu de ces fournaises ardentes ; mais sans doute un dieu les protège, comme ces grands vaisseaux qu’une planche sépare de l’abyme.

Les maisons, les cours, des planches rangées par étages, sont couvertes de poteries ; les murs sont faits d’une espèce de glaise, remplie de tessons, de pots cassés, de cruches d’un aspect singulier. Chez un de ces potiers, à la bouche d’un four, le corps d’un orme, élevé, nu, sans écorce, est chargé de petits pots de grès, asyle d’un million d’oiseaux ; il se marie avec toutes