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Ajoutez pour les antiquaires que cette garenne de Trie n’est pas éloignée de l’abbaye de Gomer-Fontaine[1].

  1. Le cit. Jean, maire de Trie, m’a assuré qu’un chimiste de Paris projette l’établissement d’une manufacture de sel amoniac et de soude dans la ci-devant abbaye de Gomer-Fontaine, située dans sa commune. Il existe aussi des fontaines d’eaux minérales dans le village de Trie. M. Pellevillain, propriétaire de ces eaux, les fit analyser par M. Fourcy, ancien apothicaire des camps et des armées du roi. Le résultat de ses recherches est imprimé dans une petite brochure de 35 pages, intitulée, Analyse des eaux alcalino-martiales de Trie-le-Château, avec l’exposition de leurs propriétés. À Paris, chez Valade, libraire, 1779. Les fontaines minérales sont séparées du bourg par la rivière ; leurs eaux s’élèvent du fond de deux fontaines, bâties en pierre, situées chacune dans une petite prairie ; elles ne sont éloignées du bord que d’une portée de fusil. On nomme la première, Fontaine de Conti ; la seconde, Fontaine de Bourbon. Leurs eaux sont froides, claires et limpides, toujours également abondantes j le mauvais temps ne les trouble jamais, les grandes chaleurs n’y causent aucune diminution : on peut les transporter par-tout, elles conservent leur vertu pendant plusieurs mois. Il résulte des expériences que décrit ici le cit. Fourcy, « que les eaux minérales « de Trie-le-Château contiennent une portion ferrugineuse in-o tintement combinée avec le natnim ; que le fer y est dissous « par un acide ; que par conséquent il doit y être considéré sous « un état absolument salin, et que par la combinaison de leurs « principes ces eaux peuvent être comparées avec la teinture « martiale de Stahl. On ne peut refuser à ces eaux, ajoute « M. Fourcy, des qualités toniques, apéritives ; elles sont de « nature à diviser et à dissoudre les glutinosités des premières voies, à préserver des fâcheuses incommodités qui en sont ordinairement les suites ; elles conviennent principalement dans les embarras des voies urinaires, lorsqu’ils sont chroniques ou accidentels, pourvu qu’ils ne soient point inflammatoires. Les eaux de Trie rétablissent l’ordre des sécrétions et des excrétions, lorsque ses évacuations sont retardées ou supprimées ; elles sont principalement stomachiques ; elles préviennent et remédient aux accidents qui dépendent de la liaison des organes de la digestion ; tels sont la migraine, les rots, les hoquets, les borborismes, etc. ; elles sont essentielles dans les affections mélancoliques et vaporeuses, dans les coliques néphrétiques, bilieuses et venteuses. » Comme il est vrai que ces eaux minérales guérissent moins par leur vertu que par la distraction qu’elles procurent, que par les sites qu’elles font parcourir, que par les individus qu’on y rencontre, Trie-le-Château dut réunir beaucoup de malades. Il est à peu de distance de Paris, à une demi-lieue de Gisors, et dans un site délicieux ; ajoutez à ces avantages le plaisir de partager les fêtes que donnoient les princes, propriétaires du superbe château de Trie.