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ŒUVRES FRANÇOISES
DE JEAN CALVIN.


TRAITÉ
par lequel il est prouvé
que les âmes veillent et vivent après qu’elles sont sorties des corps,
contre l’erreur de quelques ignorants
qui pensent
qu’elles dorment jusques au dernier jugement.

PRÉFACE DE JEAN CALVIN

adressée à un sien ami.

Comme ainsi soit que quelques bons personnages m’eussent déjà de longtemps sollicité, voire instamment pressé d’écrire quelque chose pour réprimer la folie de ceux qui sottement et confusément disputent aujourd’hui du dormir ou de la mort des âmes, si est-ce que jusques ici je ne m’étois pu accorder à leurs prières et instantes requêtes, tant j’ai un esprit contraire à toutes contentions et débats. Et certes j’avois pour lors quelque raison de m’excuser ; en partie pour ce que j’espérois qu’en bref cette rêverie, ne trouvant nul adhérent, s’évanouiroit, ou bien demeureroit cachée entre un tas de bavereaux seulement ; en partie aussi pour ce qu’il ne m’étoit pas aisé d’entrer en bataille contre des adversaires desquels je ne connoissois encore ni l’ost, ni les armes, ni les embûches ; car je n’avois encore entendu parler d’eux, ains seulement marmonner quelque chose en confus, tellement que de vouloir combattre con-