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VIE DE MÉLANIE

cables à la Divinité qu’il ne soit expédient et salutaire de répéter avec amour en se les appliquant à soi-même. C’est tout le secret de la Liturgie catholique. À combien plus forte raison le langage sacré n’appartient-il pas à quelques êtres extraordinairement privilégiés tels que Mélanie, séparés — on ne saurait dire à quel point — des autres créatures humaines par leur vocation prophétique et apostolique !

Il n’y a pas un mot dans le Magnificat qui ne s’ajuste exactement à cette bergère comme une pièce d’un vêtement qu’on aurait fait à sa taille. Il faut lire ce qu’elle a écrit elle-même, je ne dis pas pour comprendre, mais pour entrevoir le mystère absolument ineffable de la compénétration de cette pauvresse obscure, existante à peine, en l’éblouissante Mère du Fils de Dieu. C’est au point qu’il est difficile parfois de les distinguer, de savoir quelle est celle qui parle et celle qui se tait, celle qui pleure et celle qui regarde pleurer, celle qui menace et celle qui prie. Il ne se voit plus qu’un tourbillon de lumière douloureuse.

On magnifie, on exulte en Dieu, on est des