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VIE DE MÉLANIE

rien, je pensais aux souffrances de mon cher Henri. Après deux jours je dis à ma mère que j’étais mieux ; je lui demandai si elle voulait me laisser partir, parce que mes patrons étant absents pour quelques jours, Henri ne connaissant pas leurs pâturages sera dans l’ennui. Elle me le permit. Je pris des provisions pour les donner à Henri, et tout le long de la route, je ne marchais pas, je courais.

Je repris ma place et mon frère s’en retourna à Corps ; Dieu soit béni ! Mes patrons tardèrent encore quelques jours ; je continuais de mener les vaches et les chèvres au pâturage chaque jour. Un matin je sentis une grande faim, et je n’avais rien. Bien sûr j’aurais pu manger des, fruits, mais il me semblait que les fruits ne me nourrissaient pas, et mes forces m’abandonnaient. Cependant ne pouvant plus à peine me tenir debout et craignant de ne pouvoir surveiller les animaux, un jour j’essayai de manger des noix : j’en ramassai sous des noyers et en mangeai cinq. Un instant après je fus prise d’un mal au cœur, l’huile me revenait à la bouche, la tête me tournait et je voyais trouble, je n’avais plus même la force de me tenir assise ; je me couchai sur l’herbe, priant mon ange gardien