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VIE DE MÉLANIE

les voleurs. Or quand venait la nuit, tous quatre couchaient sur la paille dans cette cabane. Ils voulaient naturellement que je dorme avec eux, et comme je refusais, mon patron blasphémait à me faire trembler ; et comme je persistais à ne pas même entrer dans cette cabane, il me dit que puisque je ne voulais pas me reposer, je devais travailler, et d’aller glaner. J’obéis. Dès que le jour commença à paraître, il vint voir combien j’avais recueilli d’épis ; je lui dis que j’avais ramassé tous les épis de leur champ de blé. Il répliqua que ça ne suffisait pas, que je devais aller dans les autres champs et prendre des épis aux gerbes. À cela je répondis que je ne pouvais pas voler le bien de mon prochain. Il se rendit furieux et m’ordonna d’aller prendre des gerbes entières et de les mettre avec les siennes. Je ne bougeais pas ; il me prenait par le bras et me poussait en avant en me disant des paroles que je ne comprenais pas. Afin qu’il ne me touchât plus, je m’éloignais en glanant dans son champ. Oh ! que ces gens-là me faisaient donc peur ! Je les craignais plus que le démon et quand ils me touchaient j’aurais voulu avoir une torche enflammée ou un fer rouge pour vite brûler l’endroit touché par eux. Je