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VIE DE MÉLANIE

Le soir, pour que j’aille au lit, mon maître essaya du même procédé que les deux jours précédents ; seulement il dit que, cette fois-ci, il voulait en finir avec moi : il était furieux comme ses vaches : je n’avais presque plus de cheveux sur la tête. Il m’avait battue, traînée, piétinée, et il continuait à me fouler sous ses pieds disant qu’il voulait m’enlever de ce monde. Alors voulant mourir en chrétienne, je ramassai mes forces pour dire haut ma profession de foi et répéter que je ne voulais pas coucher avec ses enfants. Devenu plus furieux, il dit : « Où est ma hache, où est ma hache ? que je lui tranche le cou ! » Il n’avait pas achevé de parler qu’une harmonieuse musique se fit entendre, et je n’entendis plus blasphémer. Une lumière éclatante, des Vierges vêtues de blanc argenté entouraient Notre amoureux Jésus, ce bon Jésus que j’aime ; vous le savez, celui que j’aime, c’est mon Jésus du Calvaire, mort pour nous sauver. Les paroles, je ne les comprenais pas ; il me fut dit que je les comprendrais quand j’aurais quitté l’enveloppe de mon âme. Donc je ne compris pas les paroles chantées, mais la seule musique endormit toutes mes douleurs, redressa mes membres disloqués et guérit mes plaies. Notre très et très amou-